Journal de la Marne du 5 décembre 1916 | Journal de la Marne du 25 janvier 1917 |
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Voici un plan ancien de cette ligne: On peut voir la ligne normale représentée par un trait fin à partir de Coolus, puis à l'Ouest de Châlons.
Cette ligne montait ensuite au Nord avant de faire une courbe vers l'Est en remontant jusque Saint Hilaire au Temple.
La ligne militaire 9bis crée durant la guerre est quant à elle représentée par un trait épais. Elle part également de Coolus et rejoint la voie normale à Saint Hilaire au Temple, mais après avoir contourné Châlons par l'Est.
A Coolus, se trouvait une gare d'une compagnie de chemin de fer privée (La SNCF n'a été crée qu'en 1937, à cette époque le trafic ferroviaire était géré par des compagnies privées, en l'occurence, la Compagnie des Chemins de Fer de l'Est).
A Coolus, des agents de la Compagnie des Chemins de Fer de l'Est étaient affectés à recevoir et trier les trains de
munitions et de ravitaillement qu'ils remettaient aux agents de la 10ème section des chemins de fer de campagne de l'armée.
Cette section militaire assurait le transport de ces trains sur la ligne militaire 9bis jusque Saint Hilaire au Temple où ils étaient repris en charge par la Compagnie des Chemins de Fer de l'Est et poursuivaient leur chemin vers Suippes, Reims ou Verdun.
La construction de cette ligne 9bis a nécessité la réalisation à l'Est de Coolus, de ponts pour franchir la Marne et le Canal. Celui traversant la Marne et surplombant la ligne ferroviaire civile qui se prolonge jusqu'à la gare de Châlons mesurait 120 mètres de long et a été réalisé en bois comme vous pouvez le voir sur l'image ci-dessous. Je n'ai malheureusement pas de document concernant celui sur le canal qui était forcément plus petit. Etait-il en bois ou métallique? Je n'ai trouvé aucun indice à ce sujet.
La rapidité avec laquelle ces ouvrages ont été construits impressionne. Comme l'indique le journal de marche et d'opération du 5ème régiment du génie, ils ont débuté en août 1916 et étaient presque terminés début novembre, soit seulement 3 mois plus tard!
Dans ce laps de temps réduit, deux ponts ont été construits, ainsi qu'un dépôt ferroviaire dit de la Maltournée et toute une ligne qui contourne Châlons!
Il ne reste aujourd'hui plus rien de cette ligne militaire qui a été entièrement démontée, on peut juste en deviner le tracé dans les bois du chateau de Coolus.
Voici désormais son tracé en bleu sur une carte moderne de Châlons. L'agrandissement de la ville depuis 1916 est flagrant et cette ligne qui était alors à l'extérieur de la ville se retrouve désormais à l'emplacement de quartiers contruits.
Sur cette carte figurent également une zone jaune qui correspond au dépôt de la Maltournée, ainsi qu'un tracé vert qui correspond à une voie de 60, ces deux points font l'objet des parties ci-dessous.
Les voies de 60 à Châlons:
Qu'est-ce que la voie de 60?
En matière ferroviaire, il a existé plusieurs écartements de rails.
Cette mesure prise entre les flancs internes des rails correspond généralement à 1,435 mètres pour les voies dites "normales". Une voie "large" se dit d'une voie dont l'écartement est plus important, tandis qu'à l'inverse, une voie dont l'écartement est inférieur est dite voie "étroite".
A Châlons, en plus de la ligne 9bis dont l'écartement était normal, il a également existé un réseau militaire utilisé au cours de la première guerre mondiale et dont l'écartement était de 60 centimètres.
L'utilisation des voies de 60 par l'armée a débuté en 1888. Le capitaine Péchot procéda alors à un essai de voie de 60 visant à «faire arriver sur le point désigné et à l’heure voulue, au-delà de la zone exploitée par les grands chemins de fer, le matériel et les denrées dont les armées de siège et de campagne ont besoin pour combattre et vivre».
L'intéret d'une telle voie est qu'elle est beaucoup plus économique qu'une voie normale et qu'elle est également beaucoup plus facile et rapide à mettre en oeuvre.
Ce système, dit système Péchot, se compose d'éléments de voie préfabriqués composés d'éléments droits d'une longueur de 5 mètres pour les plus longs (167 kilos manipulables par 4 hommes), 2,50 mètres, ou 1,25 mètres, ainsi que d'éléments courbes et d'aiguillages.
Ces éléments se combinent facilement à la manière d'un train miniature.
De plus, ces voies étroites permettaient la réalisation de courbes beaucoup plus serrées que ce qu'il est possible de faire en voie normale.
La voie de 60 dans Châlons:
Le plan plus haut montre par exemple l'emplacement d'une de ces voies de 60 qui est tracé en vert. Il reliait le dépôt de la Maltournée en jaune à différents points stratégiques dans la ville (notamment les quartiers militaires Février et Corbineau) et passait souvent trés près des habitations.
C'est le cas, sur cet agrandissement de photo aérienne qui présente au centre haut de l'image l'ancien hôpital militaire, la rue principal inclinée et bordée d'arbres étant l'avenue de Sainte-Menehould.
La voie de 60 est ici nettement visible, il s'agit du trait blanc qui débute en bas à droite de l'image et remonte jusqu'en haut, juste à droite du logo "Châlons.Wifeo.com".
Cette petite voie passait donc bien en pleine ville, semblant même construite dans le jardin de certaines maisons et traversait de nombreuses rues comme ici la rue Caqué, le bout de la rue Louis Bablot, l'avenue de Sainte-Ménéhould et enfin la rue de la Croix Milson. Heureusement la circulation était moins dense qu'aujourd'hui!
Cette voie de 60 ne desservait pas que Châlons, elle était en réalité connecté à un vaste réseau bien au delà du tracé vert indiqué sur la carte plus haut.
Elle permettait notamment d'acheminer à divers lieux stratégiques, des marchandises acheminées via la ligne 9bis au dépôt de la Maltournée.
Ainsi, elle passait devant l'hôpital militaire, longeait et passait devant le quartier militaire Février (rue du Camp d'Attila) et enfin, elle longeait l'arrière du quartier militaire Corbineau (rue du Commandant Derrien), il y avait d'ailleurs à cet endroit une seconde voie paralèlle destinée à charger ou décharger les marchandises.
On peut voir sur la vue ci-dessous, cette voie traverser la rue du Camp d'Attila juste devant l'entrée du quartier Février.
Sur cette seconde carte postale, on constate qu'il y avait également des voies de 60 dans la cour intérieure du quartier Février.
Rien ne dit toutefois si ces voies dans le camp étaient reliées à la ligne qui passait à proximité ou s'il s'agissait simplement de petits tronçons destinés à l'entrainement des militaires de cette caserne. (ce quartier était le siège du 372ème RALVF (Régiment d'Artillerie Lourde sur Voie Ferrée))